Coronavirus – Conseil d’Etat : Respire dépose un référé liberté sur le lien entre pollution et coronavirus

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Coronavirus – Conseil d’Etat : Respire dépose un référé liberté sur le lien entre pollution et coronavirus

08/04/2020

Respire a déposé mardi 7 avril un référé-liberté au Conseil d’Etat sur la relation entre pollution de l’air et coronavirus, grâce à son avocate Corinne Lepage. De nombreuses études montrent en effet une relation entre les deux. Nous demandons l’application immédiate des dispositions prévues en cas de pic de pollution, jusqu’à la cessation de l’état d’urgence sanitaire, même en deça des seuils, en particulier dans le cadre des activités agricoles, qui restent, en ces temps de confinement, cause de pollution.

Pour Olivier Blond, directeur de Respire “Alors que notre pays est en crise, il est absurde, voire criminel, de ne pas mettre en oeuvre tous les moyens dont nous disposons contre le virus. Or, lutter contre la pollution de l’air en fait partie“.

Pollution et coronavirus

De nombreuses études montrent une relation entre pollution de l’air et virus respiratoires en général ou coronavirus en particulier, que ce soit une augmentation des admissions à l’hôpital ou une augmentation de la morbidité et de la mortalité associées avec divers troubles et maladies respiratoires.[1] ll est généralement admis que la pollution de l’air fragilise les voies respiratoires et rend les organismes plus vulnérables. Cette relation peut apparaître y compris pour des expositions de courte durée. Une étude montre ainsi une relation entre élévation de courte durée de la pollution aux particules fines (PM2.5) et infections respiratoires. [2]

En 2003, une étude chinoise montré le lien entre la pollution de l’air et Syndrome Respiratoire Aigu Sévère (SRAS) (un virus de la famille du SARS-CoV-2 qui est responsable du COVID-19). Les patients contaminés vivant dans des régions modérément polluées avaient 84% plus de risques de mourir que les patients de régions peu polluées. Ceux vivant dans les régions avec des niveaux de pollution élevés avaient deux fois plus de risques de mourir du SARS. [3]

En 2020, une étude italienne a montré une corrélation entre la concentration de PM10 dans de l’air et nombre de cas de covid-19. Cette corrélation est à la fois spatiale et temporelle : les régions les plus polluées connaissent davantage de cas, et les jours où les niveaux de pollution augmentent correspondent également des pics de cas. [4]

Une nouvelle étude de l’université de Harvard vient d’être publiée et montre qu’une augmentation de 1 µg/m3 de pollution (PM2.5) augmente de 15% la mortalité au covid-19.[5]

Agriculture et pollution

Le confinement et la baisse de l’activité économique ont entraîné une baisse drastique d’une partie de la pollution atmosphérique en particulier les dioxydes d’azote (Nox). Cependant, il a été observé tout au cours de la période écoulée, de très forts niveaux de pollution pour un autre type de polluant : les particules fines. Or, ces particules fines, lorsqu’elles ne viennent pas de la pollution industrielle ou/et automobiles ont une autre source : les activités agricoles, en particulier les épandages.
On rappellera que les activités agricoles participent de manière non négligeable à la pollution de l’air. Selon le CITEPA, Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique, le secteur agricole “ représente, en 2017, 94% du total national des émissions d’ammoniaque. Or, l’ammoniac (NH3) est un précurseur de particules dites « secondaires » : ces particules qui se créent dans l’atmosphère par suite de réactions chimiques (ADEME). Ces particules secondaires d’origine agricole peuvent constituer la composante majoritaire de pics de pollution.

Mesures légales

L’association Respire demande à voir reconnaître la carence de l’État à réglementer les épandages générateurs d’ammoniac créant ainsi avec certitude une pollution atmosphérique susceptible d’aggraver l’épidémie de coronavirus.Respire  demande au Conseil d’Etat d’enjoindre le Premier ministre, le Ministre de la santé et le Ministre de l’agriculture à étendre le champ d’application de l’arrêté du 7 avril 2016 réglementant les épandages lors des épisodes de pics de pollution, pour en faire une application immédiate et durant toute la pandémie et pour rendre obligatoires les mesures prévues en annexe de cet arrêté.


[1] Jonathan Ciencewicki et Ilona Jaspers, « Air Pollution and Respiratory Viral Infection », Inhalation Toxicology 19, no 14 (janvier 2007): 1135‑46, https://doi.org/10.1080/08958370701665434.
[2] Benjamin D. Horne et al., « Short-Term Elevation of Fine Particulate Matter Air Pollution and Acute Lower Respiratory Infection », American Journal of Respiratory and Critical Care Medicine 198, no 6 (15 septembre 2018): 759‑66, https://doi.org/10.1164/rccm.201709-1883OC.
[3] Yan Cui et al., « Air Pollution and Case Fatality of SARS in the People’s Republic of China: An Ecologic Study », Environmental Health 2, no 1 (décembre 2003): 15, https://doi.org/10.1186/1476-069X-2-15.
[5] Exposure to air pollution and COVID-19 mortality in the United States. Xiao Wu, Rachel C. Nethery, Benjamin M. Sabath, Danielle Braun, Francesca Dominici. medRxiv 2020.04.05.20054502; doi: https://doi.org/10.1101/2020.04.05.20054502

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